Pourquoi j’irai courir dimanche…
Dimanche aura lieu le marathon d
’Anvers, une épreuve pour laquelle je me suis préparé dans le froid et l’adversité et qui me fait à chaque fois frissonner. Ce rendez-vous si particulier avec soi-même au-delà du 30ieme kilomètre a quelque-chose de magique. Au moment où le corps veut jeter l’éponge et où les jambes ne se meuvent plus qu’à la force du mental, ce sont toutes les émotions de la vie condensées dans les 12 derniers kilomètres et je dois bien avouer que j’adore cela…
Hier, à Boston, la folie meurtrière des hommes a frappé le sport, mon sport, dans ce qu’il a de plus noble. Quoi de plus digne de respect que ces athlètes qui terminent - sans artifice - un marathon en plus de 4H, loin des caméras et des honneurs, juste pour une médaille et la fierté d’en avoir été et d'y avoir tout donné. Cette violence aveugle a coûté la vie à 3 personnes et en a marqué à jamais des milliers d’autres, que ce soit dans leur chair ou dans leur esprit… Pour tous ceux-là et pour beaucoup d’entre nous, le marathon ne sera plus jamais le même ! Et on ne peut s’empêcher de penser que Sandy nous a peut-être rendu un fier service en automne dernier en annulant l’épreuve new-yorkaise …
Dimanche toutefois, j’irai courir le marathon, mon septième ! Et je porterai un brassard noir à la mémoire de ceux qui y ont perdu la vie et de ceux qui y ont perdu leurs illusions. J’aurai le cœur gros au moment de la minute de silence d’ores et déjà programmée et quand cela ira moins bien, je puiserai dans le souvenir de ces marathoniens disparus un adjuvant supplémentaire.
Il est essentiel d’y aller pour bien montrer à ces lâches que leur violence n’a pas eu raison de la détermination des coureurs, que la crainte de l’explosion n’entravera pas notre liberté de courir et que la noblesse de notre effort n’a d’égal que la bassesse de leurs actes …
Au rang des victimes, il y a un petit garçon de 8 ans venu applaudir son papa et qui se prénommait Martin… Hasard ou prémonition : j’ai baptisé mon bonhomme à l’identique il y a aussi 8 ans … Dimanche matin, j’aurai deux fils au moment de m’élancer !