Les Crêtes de l’Eau Noire (30 kil) : le bonheur est dans le gué !

Publié le par olirun

C’est avec le même pincement au cœur que l’an passé que je revenais sur mes terres couvinoises pour y courir le trail des Crêtes de l’Eau Noire. L’édition précédente où j’avais couru la petite distance m’ayant laissé un petit goût de trop peu, je m’alignais cette fois sur la longue : 30,7 kilomètres en serpentant le long de la rivière qui arrose parfois copieusement la ville de mon enfance…

 

Première impression : l’épreuve confirme sa renommée grandissante avec cette fois pas loin de 280 trailers au total. Deuxième impression : il y a du lourd ! Les T-shirts de finisher de l’UTMB ou de la CCC foisonnent. A croire que ces surhommes se sont donnés RDV à Couvin pour leur sortie dominicale avant de s’en aller dans les Alpes défier le Mont Blanc ou ses alentours …

 

Après les recommandations d’usage, le départ est donné et je me mets en mode prudence. La route est longue et, pour avoir jeté un cil sur le parcours affiché et surtout les diverses côtes qui l’émaillent, il convient de ménager sa monture. Le test est d’importance pour moi. Je n’ai plus couru aussi longtemps depuis mon abandon à Cologne et il me tarde de savoir si les jambes et surtout les tendons d’Achille tiennent ! J’étrenne pour l’occasion de nouvelles Asics Trail Attack 7 et suis impatient de voir si l’accroche est réellement meilleure qu’avec mes bonnes vieilles Nimbus.

 

profilcorrige-299km.png1er kilomètre et on rentre dans le bois ! Bois qu’on ne quittera plus pendant 28 kilomètres. Les tracés sont initialement communs aux deux distances et donc, jusqu’au premier ravito, je connais ! Pour les régionaux : Chalet Courtheoux, bac à pourchia, Cabane des chasseurs, Dentiste Corman et le gué du fonds de l’Eau ! Ces sept premiers kilomètres s’égrènent et je suis facilement. Je ne me mets pas dans le rouge et bois énormément. Septième kilomètre et le parcours est modifié. Là où l’an passé on suivait la vallée dans les hautes herbes, cette année, une rambarde nous invite à monter à flanc de colline. Il n’y a pas d’alternative, il faut marcher à la queue leu leu, les mains sur les genoux pour gravir. Arrivé au sommet, je reprends la course et arrive au ravito du 10ieme en 1H02. Je m’arrête, bois de l’eau, mange deux tucs et du chocolat.

 

C’est la bifurcation avec le 17ieme et à partir d’ici, c’est le point de non retour ! Je repars et la succession des côtes rend toute idée de rythme constant ou de chrono à l’arrivée tout à fait incongrue. On arrive près de Brûly de Pesche et désormais, je marche dès que la côte qui se profile fait plus de 10% … Autant dire que je marche souvent mais  je veux garder une certaine constance sur les parties plates ou descendantes et donc, il est préférable d’évoluer de la sorte. Si je courrais dans les côtes, je me mettrais irrémédiablement dans le rouge…

 

15ieme kilomètre et je reviens sur Florence Goffinet. La sociétaire du Smac s’est foulé la cheville en passant un gué et termine à pied jusqu’au prochain ravito. La pauvre marchera encore 6 kilomètres avant de pouvoir rentrer en voiture.

 

Les kilomètres s’égrènent au gré des côtes abruptes, descentes vertigineuses et passages à gué, parfois vite, parfois lentement et depuis quelques temps, plus personne ne me dépasse. Je rattrape même certains concurrents parfois à la dérive alors que le ravitaillement du 21ieme se profile. Je l’atteins en 2H15 et aussi incroyable que ca puisse paraître, j’ai froid et il me revient qu’à Cologne, ca avait commencé comme ça. Je prie pour que cela tienne et me ravitaille copieusement : coca, chocolat, tucs, orange, banane et repars ! Alors que je remets la machine en route, je sens une pointe de crampe dans le mollet droit ! Voilà qui est étonnant, jusque là, j’avais de bonnes jambes ! On redescend sur le pont de pierre et soudain, un signaleur me fait tourner à gauche ! Il n’y a pas de sentier, juste … un mur ! 500 mètres d’ascension où on va prendre 93 mètres de hauteur. Même marcher est difficile, plusieurs concurrents doivent s'arrêter pour reprendre haleine et je boucle ce kilomètre en 10 minutes !  Enfin au dessus, on redescend ensuite tout ce qu’on vient de monter par une piste de descente de VTT pour revenir 50 mètres plus loin que le point de départ du mur.

 

Le parcours redevient commun avec le 17 kilomètre et donc ici, je connais ! Je sais donc qu’on va à nouveau zigzaguer le long de l’Eau Noire avant d’attaquer la dernière crête, moins pentue que la précédente mais plus longue et surtout, après 26 kilomètres d’effort soutenu. Seconde – et dernière -alerte crampe dans le mollet droit, je bois encore et toujours et m’enfile une barre énergétique. Je me rends compte que mon Camelbag est désormais bien léger. Enfin j’arrive au dessus, j’ai pratiquement marché tout le long et ai bouclé ce 27ieme kilomètre en 12’…J’essaie de remettre la machine en route et y parviens tant bien que mal. Je suis content de mes chaussures même si elles n’ont pas la souplesse de mes Nimbus. J’ai mal à la plante des pieds mais les tendons d’Achille ont l’air de tenir ! On revient sur l’asphalte et la vue lointaine de l’arrivée me redonne des ailes, le chrono redescend sous les 6’ au kilomètre et même sous les 5 pour le dernier !

 

Enfin, je rentre dans la cour et franchis la ligne : 3H26 ( la technique ici) mais c’est dérisoire ! Yves Renard, ce saligaud d’organisateur, me demande avec un large sourire si ca a été et si je reviendrai … Et comment que je reviendrai même si les douches toujours aussi désespérément glaciales pourraient tempérer cette ardeur ! Notez qu’il y a 30 ans, elles étaient déjà froides et donc, cela ne m’a guère surpris !

 

Conclusion : un profond respect pour les coureurs de montagne qui défient les cimes, un manque de civisme flagrant de certains qui balancent leurs déchets dans la forêt (j’en ai même vu un balancer un k-way) et le trail de Gougnies à côté de ca, c’est de la rigolade !

 

A l’année prochaine … sans faute !     

                                          

Publié dans Trails

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V
<br /> Agréable CR à lire... félicitations pour ton temps et ton CR.<br /> Temps idéal pour courir dans une contrée que je ne connaissais pas. Le parcours était vraiment très sympa avec quelques belles difficultés. Que de bons souvenirs.<br /> J'ai une vidéo en préparation que je placerai sur mon blog, dans mon CR (déjà en ligne).<br /> Bonne continuation... A+<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Très agréable à lire et très courageux à accomplir... :-)<br /> En plus, les noms des lieux de passage me ramènent quelques décennies en arriêre !<br /> Tu aurais quand même pu me dire que tu écrivais un blog...<br /> :-)<br /> <br /> <br />
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